eurotrip_1En 2017, le magazine Books publiait un dossier intitulé «Sexe et Amour» qui faisait froid dans le dos. La journaliste Nancy Jo Sales y relatait notamment ses entrevues avec de jeunes urbains, pour qui la simple idée de faire connaissance in real life à des fins sexuelles ou amoureuses, paraissait aberrante. Niquer, pas de problème — mais pour les moins de 30 ans, il n’était pas question de boire un verre ou de flirter. La marche à suivre d’usage consistait à demander au Dieu Tinder, qui d’un coup de swipe magique te mettait en contact avec les élu(e)s du jour.

Chéri est en voyage d’affaires
Deux ans plus tard, et dans une continuité parfaite, les sextoys connectés sont de plus en plus nombreux sur le marché. D’abord vendus comme palliatifs à la distance dans le couple hétéro – genre chéri est en voyage d’affaires, mais on peut quand même se faire un petit cinq à sept torride –, ils sont désormais un choix acceptable voire séduisant. Au point qu’un Français sur deux se dit prêt à les utiliser, selon une étude Harris Interactive de novembre 2018.sextoy connecté (1)Nos compatriotes n’étant pas particulièrement réputés pour leur technophilie, j’ai du mal à croire que cet engouement fait suite à une épidémie de geekerie. Non. En revanche, le dossier de Books cité plus haut, ou encore le recul des relations amoureuses chez les millenials, le temps passé sur les réseaux — toutes ces thématiques contemporaines semblent pointer du curseur un biais assumé dans la relation à l’autre : le risque zéro.

Culture de la réussite, hashtags qui balisent le chemin de la drague et/ou de la baise, suréquipement en appareils destinés à nous rendre plus performants… Les raisons qui expliquent que rater soit devenu inacceptable jalonnent notre quotidien. À l’heure où nous sommes tous hypervisibles et dans une injonction à nous montrer sous notre meilleur jour, qui voudrait prendre le risque de rater un rendez-vous amoureux, se prendre une veste, bander mou ou avoir mauvaise haleine  au moment de la première galoche ?broadUn gang-bang et au lit !
Alors c’est sûr, avec le sexe via applis et toys connectés 100% sur mesure, chacun est en mesure d’accéder au plaisir sans prise de risque. No relous, et safe avec ça. Tu peux même envisager de réaliser ton fantasme de partouze sans capote ni odeurs, ni fluides, avec le mode «multi» de la proposition Smartoys : un peu comme ton FPS préféré sauf que là, tu te fais ton gang-bang pénardo depuis ta chambre, et quand tu en as marre, adieu Berthe, tu te déconnectes et tu enfiles ton pyjama Winnie l’ourson sans personne pour t’emmerder. Pour le mode d’emploi, c’est comme dit plus haut : swipe, swipe,  jusqu’à trouver le ou les partenaires idéaux ; connections des toys entre eux, voire même je prends en main le toy d’un tiers et/ou je laisse la main sur le mien. Et c’est parti.dildo_1Sur le papier, ça paraît "bien". Mais tu ne m’enlèveras pas de l’idée qu’il y a là un paradoxe. Le sexe avec un ou plusieurs partenaires, c’est  justement ce moment où tu ne sais pas où tu vas. Où tu entres en lien à l’autre, à son désir, à sa part d’ombre, à ses choses que parfois il/elle n’ose même pas s’avouer. Le bon sexe, c’est sentir un pic d’excitation dans la moiteur d’une main, toucher là où on n'avait jamais envisagé mettre les doigts, se délecter de perles de sueur, de cyprine, de sperme. Ça, pour ce que j’en sais, aucune vibration par écran interposé ne peut ne serait-ce que l’approcher. Et vu le niveau de high où le sexe peut t’emmener, franchement, ça peut valoir le coup de mettre son écran off et d’aller in real life.