Capture d’écran 2018-01-29 à 14.11.58Avec ses parodies de Star Wars ou des Simpsons, on pensait que l’industrie du porno avait déjà exploité à peu près l’ensemble de la pop culture. Du moins, on pouvait croire hors de portée un personnage de polar comme Fantômas. Manque de pot, voici Fantôfesse : l’alter ego nanardesque du génie du crime masqué, tout droit sorti d’un film de boules traduit à l’arrache en français.

– Et vous pourquoi vous portez un masque ?
Hum, pff… Suce-moi.

Cette réplique, tirée d’un boulard allemand où les acteurs ne se sont apparemment pas trop emmerdés à relire le script, n’a pas grand-chose à voir avec le long-métrage qui nous intéresse aujourd’hui : 2 Sœurs à Enculer (publié en 98 avec comme titres alternatifs un poil moins poétiques Art of Love et Art of Sex). Pas grand-chose à voir ou presque, puisque là encore, on parle d’un porno produit outre-Rhin, au pays des 1000 saucisses, où le héros fourre sa tête dans une cagoule. Sauf que là où 2 Sœurs à Enculer se démarque et trouve sa substantifique moelle, c’est par le génie de l’impro. En fait dans ce chef-d’œuvre, si les dialogues n’ont pas de quoi rougir face aux plus belles créations du septième art, c’est grâce à la qualité de sa VF réalisée à la zeub. Que voulez-vous ma bonne dame, c’est la crise dans l’industrie : pour une bonne douzaine de personnages, seuls deux doubleurs ont dû se débrouiller, complétement paumés. Résultat au visionnage, on entend une voix pour les personnages dotés d’un pénis, plus une autre pour ceux dotés d’un vagin. Et dans le studio, personne n’a été semble-t-il foutu de leur donner le scénario original. Du coup les dialogues sont traduits en direct, au talent. Même pas la peine donc d’essayer d’expliciter les très nombreuses intrigues improvisées au fil des deux heures du film : tout ceci n’aurait aucun foutu sens (en plus, Nanarland l’a déjà génialement décrypté). Ceci dit si jamais vous pouvez deux minutes faire popper votre cervelle hors de votre boîte crânienne, vous devriez être prêts pour ce supercut du boulard. C’est 100 % safe for work, à peu de choses près :
 

Mais oublions ce joyeux bordel pour nous concentrer sur le meilleur perso du film : Fantôfesse. Vous l’aurez deviné, ce nom rend hommage à Fantômas, créé en 1911 dans les romans de Pierre Souvestre et Marcel Allain, adaptés dans les années 60 en comédie franchouillarde avec de Funès. Le truc, c’est que le porno se révèle bien plus cul(te) que l’œuvre originale. On vous résume tout ça en trois chapitres.

Chapitre un : « Fantôfesse rencontre l’amour »
Comme l’insaisissable Fantômas, les Anonymous ou encore le rappeur Kekra, Fantôfesse ne déconne pas avec la protection de son identité. Ok, il a parfois tendance à faire deux-trois boulettes, comme lors de son premier cambriolage où il retire sa cagoule et braille « Y’a quelqu’un ? » quand il pénètre dans l’appartement. Mais qu’importe, parce que derrière ce « spécialiste des œuvres d’art » qui chourave des tableaux au cutter, se cache un cœur gros comme ça. Tout le contraire du génie du crime du début du 20ème siècle. Dès son apparition dans 2 Sœurs à Enculer, notre ami profite du casse pour coïter sauvagement avec sa victime, devant un drapeau de l’Union européenne. Grand romantique, il finit même par rendre sa partenaire « complétement fourbue » dixit la doubleuse. Quand il s’agit d’amour, notre voleur/sérial-forniqueur décalque bien l’oignon de Fantômas.

Chapitre deux : « Fantôfesse contre Scotland Yard »
Dans les romans d’origine, Fantômas doit sans arrêt affronter son nemesis : Juve, un enquêteur brillant de la Sûreté de Paris. Dans notre film porno, la loi et l'ordre sont un tantinet moins bien représentés. Face à Fantôfesse, on trouve pour le coup un policier complétement teubé, du nom de John. Exemple, pour donner une idée de son QI, lorsqu’il pense avoir enfin chopé notre criminel, il passe un coup de fil à un collègue : « Oui écoute, j’ai arrêté trois suspects ! Ils sont devant moi avec les menottes et j’aimerais qu’on m’envoie du renfort… Je ne sais pas, c’est mon sixième sens…D’accord, je peux me le foutre au cul, ok… » Voilà, encore un bon point pour Fantôfesse.

Chapitre trois : « Fantôfesse prend sa revanche »
Le temps de zapper quelques séquences superflues (les scènes de sexe), nous revoilà avec Fantôfesse pour le final paroxystique du film. Son tout dernier casse s'annonce sous les meilleurs auspices, puisque sa victime Rodriguo – le genre de nom qu’on ne trouve décidemment que dans un boulard – s’est absenté. Ne reste en fait dans l’appart ciblé que la petite amie du propriétaire. Ni une ni deux, notre courageux cambrioleur décide de voler les statues de Rodriguo puis de copuler avec la demoiselle. Surpris par John le flic-Cotorep, le brave s’en sort de façon remarquable, puisqu’il finit par endormir le flic avec de l’éther. La conclusion de l’intrigue ne brille pas vraiment par sa clarté, mais on comprend plus ou moins qu’un autre policier se suicide en apprenant le triomphe de Fantôfesse, en se jetant à un peu près 1 mètre de haut dans de la flotte. Décidément, comme le doubleur le dit si bien, « on n’arrête pas Fantôfesse ! »